Depuis plus d’une décennie, la Dre Sharmistha Mishra aide les personnes atteintes du VIH et les services, programmes et politiques qui les touchent le plus.
Et tout cela, en utilisant la modélisation mathématique.
« La modélisation mathématique permet de distinguer les mécanismes qui peuvent interagir et influencer la façon dont les infections peuvent se répandre dans une population et comment divers éléments, à des niveaux différents, peuvent alimenter la transmission ou aider à la prévenir, » d’expliquer la Dre Mishra, qui a reçu récemment le Prix d’excellence en recherche ACRV-CANFAR dans le volet Épidémiologie/santé publique.
À titre de clinicienne et de chercheure à l’Hôpital St. Michael, la Dre Mishra et son laboratoire font appel à des modèles mathématiques afin de mieux comprendre les épidémies de VIH et d’IST qu’il n’est pas possible de saisir en ayant recours uniquement aux essais cliniques et aux études de cohortes.
La Dre Mishra fait appel à la modélisation mathématique pour comprendre pourquoi les épidémies de VIH s’installent et persistent, où et quand elles persistent et ce qui génère des différences dans l’ampleur et les caractéristiques entre diverses régions. Son laboratoire utilise également cette modélisation pour comprendre les meilleures combinaisons d’outils de prévention du VIH ou des ITS afin d’aider à juguler les épidémies.
« Ces modèles peuvent souvent permettre de découvrir quelque chose d’inattendu en simulant les profils des comportements individuels, de la biologie et des réseaux sociaux et sexuels, particulièrement la façon dont les personnes pourraient s’adapter à l’intérieur d’un réseau, » dit-elle. « Les avantages en aval, ou les conséquences, peuvent souvent être validés avant d’essayer les interventions sur le terrain, ou servir à évaluer les répercussions de ces dernières. »
La Dre Mishra travaille en collaboration avec des cliniciens et des services de santé publique, tant à l’échelle du pays qu’à l’étranger, notamment en Inde, au Kenya, en Afrique du Sud et en Ukraine.
Elle avoue avoir été inspirée à travailler dans le domaine de la recherche sur le VIH lors de son option clinique à l’étranger. Alors qu’elle était à Karnataka, en Inde, elle a travaillé avec le programme de prévention du VIH Avahan, programme conçu et exécuté conjointement, et dirigé par des organismes communautaires au service des femmes et des hommes présents dans le travail du sexe, en partenariat avec le ministère de la Santé du gouvernement de l’État et l’Université du Manitoba.
« Mon but, au départ, était d’en apprendre davantage sur le VIH et la syphilis du point de vue clinique, mais dans le cadre de l’acquisition de connaissances cliniques dans un grand programme de santé publique, j’étais curieuse de connaître le point de vue de la population, » se souvient la Dre Mishra. « Je savais, après quelques mois dans mon option clinique à l’étranger, que je voulais démêler l’enchevêtrement des voies et des conséquences de l’hétérogénéité des risques de contracter le VIH ou des ITS au niveau de la population. »
Pendant toute sa carrière, de dire la Dre Mishra, elle a connu nombre de moments gratifiants, notamment quand son laboratoire découvre ou apprend quelque chose qui n’était pas évident.
« Le moment le plus gratifiant sur le plan intellectuel est celui où j’ai réalisé que ma réflexion était très loin de la base et que j’avais besoin de retourner à ma planche à dessin – et c’est souvent lorsque j’apprends, à propos du système modélisé, quelque chose que je n’avais pas réalisé auparavant, » dit-elle.
Mais elle ajoute qu’il est également enrichissant de voir le travail de son laboratoire concrétisé dans l’action.
« Au cœur de notre travail, les moments les plus enrichissants sont ceux où nous avons la possibilité de travailler de concert avec les collectivités et les décideurs afin de produire des données probantes solides, transparentes et modélisées, utilisables pour aider à orienter un récit concernant notre compréhension de l’épidémie de VIH/ITS, » dit-elle. « Il est enrichissant d’aider les programmes et services de première ligne dans leur travail de conception ou l’évaluation ou de mieux éclairer les modifications des politiques. »
La Dre Mishra estime que c’est un honneur de recevoir le Prix d’excellence en recherche ACRV-CANFAR et ajoute que, pour son succès, elle doit remercier de nombreux mentors, notamment Sharon Walmsley, Rupert Kaul et Marie-Claude Boily. Elle ajoute qu’elle s’estime chanceuse d’avoir des pairs mentors comme Marissa Becker et Stefan Baral, qui continuent à l’encourager et à l’inspirer dans son travail.
Par contre, dit-elle, le mentor le plus important de sa vie était sa grand-mère.
« Son point de vue pénétrant sur la perspective, l’histoire et l’importance du narratif m’ont bien servi dans mes études! » dit-elle.