Nous sommes des scientifiques et généralement, notre travail nous rend heureux, mais il est tout aussi important que les gens sachent ce que nous faisons et quelle en est la portée.
Le Prix d’excellence ACRV-CANFAR 2018 en recherche – Épidémiologie et santé publique, vise à honorer le travail de la Dre Ann Burchell.
La Dre Burchell est professeure agrégée à la division d’épidémiologie de l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto. Son programme de recherche porte sur l’épidémiologie des infections au virus de l’immunodéficience humaine (VIH), au virus du papillome humain (VPH), la syphilis et d’autres infections sexuellement transmissibles (IST).
En présentant la candidature de Mme Burchell, ses collègues la décrivent comme une méthodologiste exceptionnelle, une scientifique de renom et un mentor d’exception dans le domaine de la santé publique.
Son travail de recherche sur le VIH s’est amorcé en 1994 lorsqu’elle commençait sa maîtrise à l’Université de Toronto, à l’unité des études sur le VIH. Elle se concentrait sur les facteurs de risque d’acquisition du VIH dans les collectivités les plus à risque d’infection, ainsi que sur l’épidémiologie générale du VIH.
Parmi ses premiers projets, mentionnons l’utilisation du condom chez les personnes vivant dans les collectivités des Premières Nations de l’Ontario, ainsi qu’un questionnaire pour les détenus des établissements correctionnels provinciaux.
« Je suis là depuis un certain temps, » dit-elle en plaisantant. « C’était une époque difficile… car les nouveaux médicaments contre le VIH n’étaient pas encore distribués. C’était très différent, dans les années 90, où les personnes mouraient encore du VIH et c’était très grave. »
De nos jours, la Dre Burchell est un chef de file dans la collectivité de la recherche canadienne sur le VIH et son travail fait ressortir l’importance de l’accessibilité, de la prévention et du dépistage des IST et du VIH, ainsi que les influences sur la politique et la pratique en santé publique.
Les recherches de la Dre Burchell et ses idées ont été intégrées dans la stratégie quinquennale ontarienne sur le VIH et c’est grâce à son travail qu’on a dégagé une hausse de la transmission de la pharmacorésistance au VIH chez les personnes vivant avec la maladie. Cela a permis à Santé publique Ontario de confirmer les profils de résistance au niveau de la population et ensuite, d’automatiser le dépistage de résistance chez les patients qui passaient leur premier test de dépistage de la charge virale.
Fort heureusement, la Dre Burchell a cette capacité exceptionnelle de pouvoir « transposer » la recherche afin qu’elle soit pertinente pour les personnes à l’extérieur de la communauté des chercheurs et elle s’efforce de travailler directement avec les membres de la collectivité. Elle dit que les scientifiques n’ont pas vraiment la formation leur permettant de s’exprimer en public et d’expliquer ce qu’ils font dans les médias ou en cherchant à se mettre sous les projecteurs.
Nous sommes des scientifiques et généralement, notre travail nous rend heureux, mais il est tout aussi important que les gens sachent ce que nous faisons et quelle en est la portée.
Dans les années qui viennent, la Dre Burchell espère que les chercheurs du domaine du VIH aideront les personnes vivant avec le VIH à en savoir davantage. Particulièrement, la façon d’obtenir l’accès aux soins et aux services leur permettant de vivre une qualité de vie aussi bonne que les personnes qui ne vivent pas avec le VIH.
Et d’ajouter la Dre Burchell : « J’espère que dans cinq à 10 ans, nous pourrons nous réjouir du succès de la PrEP contre le VIH (prophylaxie préexposition). Nous avons encore beaucoup à apprendre sur la façon de mettre tout cela en branle, mais je crois que dans cinq à 10 ans, les nouvelles seront encourageantes. »
Tandis que la collectivité de la recherche sur le VIH s’attache à cette tâche, la Dre Burchell dit qu’elle espère que les chercheurs continueront à se soucier dans une certaine mesure d’autres infections comme la syphilis, la gonorrhée, l’infection à chlamydia et le virus du papillome humain.
« Il existe de nombreuses façons d’améliorer la santé sexuelle des gens tout en appuyant les choix et modes d’expression sexuelle que les gens prennent tous les jours afin qu’ils puissent continuer à le faire et à mener des vies saines. »
En ce qui a trait aux aspirations de la Dre Burchell, elle dit qu’elle a vraiment gagné à « la loterie professionnelle », ajoutant être étonnée d’avoir cette année remporté ce prix d’excellence en recherche.
J’en ai ressenti une immense humilité, à dire vrai, et je me sens profondément honorée.
La Dre Burchell dit qu’elle compte maintenant faire beaucoup plus pour transmettre le bâton à la prochaine génération canadienne de chercheurs sur le VIH en les encourageant à explorer et à soumettre leurs nouvelles idées à la collectivité de la recherche sur le VIH.