Les recherches pionnières du Dr Burgener visent à comprendre la biologie de la transmission du VIH chez les femmes, faisant de lui un chef de file international dans la collectivité scientifique du VIH/sida.
Le VIH est, chez les femmes, un grave problème mondial, car on relève près de 1 000 infections nouvelles chaque jour chez les jeunes femmes – surtout par rapports sexuels. Il en est notamment ainsi dans les régions de l’Afrique subsaharienne.
C’est vraiment ahurissant si l’on fait le calcul, » de dire le Dr Adam Burgener. « Cela signifie qu’à chaque minute ou presque, une jeune femme contracte l’infection.
Dans son travail de pionnier à l’Agence de santé publique du Canada, le Dr Burgener essaie de comprendre la biologie de transmission du VIH chez les femmes. C’est notamment sa productivité extraordinaire et sa vive influence sur le domaine, grâce à ses recherches innovatrices, que le Dr Burgener a été choisi pour le Prix d’excellence en recherche ACRV-CANFAR 2018 en sciences fondamentales.
Il a publié 28 articles évalués par les pairs au cours des cinq dernières années, nombre d’entre eux dans des publications de prestige, notamment Science, Plos Pathogens et OXFORD Academic’s The Journal of Infectious Diseases. Son article publié récemment dans Science a suscité un changement de paradigme qui aidera à faire progresser les efforts canadiens et mondiaux visant à supprimer le VIH.
Jusqu’à maintenant, la prophylaxie préexposition ou PrEP, a connu de vifs succès pour prévenir les nouvelles infections à VIH chez les hommes, mais chez les femmes, les essais cliniques n’ont connu que des succès mitigés. On a constaté que, chez les femmes plus que chez les hommes, le respect du traitement est extrêmement important pour que ces médicaments fonctionnent.
Cela a incité le Dr Burgener à se demander s’il n’existait pas, chez les femmes, comparativement aux hommes, des facteurs biologiques différents qui pourraient contribuer à la variabilité du succès des produits de prévention du VIH.
La recherche du Dr Burgener a fait ressortir que le microbiome vaginal (les micro-organismes présents naturellement dans ce milieu) réduit l’efficacité du traitement PrEP topique pour la prévention du VIH –, même chez les femmes qui respectent au maximum le traitement. Le travail de suivi a permis de constater que des bactéries pourraient métaboliser les antirétroviraux.
Cette constatation a une immense importance sur les plans clinique et de santé publique. Cela invalide le dogme généralement reconnu que le non-respect du traitement est la seule raison pour laquelle certaines formes de PrEP n’ont eu que peu de succès pour prévenir les nouvelles infections au VIH chez les femmes.
« Nous constatons que les femmes où les lactobacilles sont absents courent un risque beaucoup plus élevé d’acquérir le VIH », de dire le Dr Burgener. « Elles possèdent d’autres collectivités microbiennes diverses et cela est déjà associé à un risque accru de VIH. Non seulement cela, mais chez ces femmes, la PrEP topique n’est pas efficace. »
Selon le Dr Burgener, cela peut entraîner un risque jusqu’à six fois plus élevé d’infection au VIH et la recherche a permis de constater que le milieu vaginal de nombre de femmes en Afrique du Sud et en Afrique subsaharienne possède ces collectivités microbiennes diverses.
Nous essayons de comprendre ce qu’ont de particulier ces bactéries qui entraînent un risque accru d’infection, et popsonsune question plus vaste, ces bactéries sont-elles importantes dans les stratégies de prévention du VIH?
Actuellement, on dresse des plans afin d’offrir la PrEP à des millions de femmes en Afrique. Les recherches du Dr Burgener pourraient influencer la politique sanitaire, ainsi que les répercussions cliniques et le lancement de certains types de PrEP chez les jeunes femmes dans tout le continent africain.
« Il ressort des données récentes du Dr Burgener qu’il faut davantage de recherche sur le microbiome et l’inflammation du canal génital, » de dire la Dre Gita Ramjee, directrice de la recherche sur la prévention du VIH au conseil de recherches médicales d’Afrique du Sud. « Il n’y a eu que peu de recherches sur la façon dont ces facteurs pourraient influer sur les stratégies de prévention du VIH. »
Selon la Dre Ramjee, les recherches du Dr Burgener ont permis de dégager de nouveaux facteurs biologiques qui contribuent au risque d’infection au VIH et ont des répercussions sur l’efficacité des technologies de prévention.
Dans ses cinq premières années comme membre du corps professoral à l’Université du Manitoba et chercheur à l’Agence de santé publique du Canada, le Dr Burgener a manifesté un engagement à transmettre ce qu’il a appris et à faire avancer les connaissances des chercheures sur le VIH.
« La seule façon de vaincre cette maladie est d’acquérir une bonne formation et de veiller à ce que la prochaine génération de scientifiques consacre vraiment ses efforts à cette maladie, car nous ne pouvons porter le flambeau à jamais, » dit-il. « Nous devons transmettre ces connaissances afin que des gens plus jeunes et plus brillants puissent trouver la solution. »
Pour la Dre Ramjee, le travail du Dr Burgener est « exceptionnel par sa créativité et sa rigueur scientifique » et ses conclusions se situent facilement parmi les 10 meilleures histoires les plus intéressantes sur le VIH dans le monde l’an dernier.